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L'arnaque à la Ponzi
On vous propose d'acheter un placement au prix de 100$ que l'on promet de vous rembourser 140$ dans 90 jours, que faites vous?
Vous vous abstenez de vous engager dans cette arnaque et vous appelez la police pour la mettre au courant.
Cette arnaque porte le nom de son créateur: Charles Ponzi.
L'arnaque à la Ponzi est un système dans lequel l'intérêt payé à un investisseur est fourmi par les investissements des investisseurs suivants. Le système s'écroule dès qu'il n'y a plus suffisamment d'investisseurs.
Dans l'exemple précédent, supposons que Julie investit 100$. Si l'escroc place le 100$ dans un fond mutuel et qu'au bout de 90 jours, il en retire 105$, il lui manquerait 35$ pour rembourser Julie à la date d'échéance. Comment l'escroc peut-il s'en sortir? En vendant un autre «investissement» de 100$ à Luc. Avec ce 100$, l'escroc remet à Julie 140$. Toute heureuse, Julie parle de cet «investissement» à toutes les personnes de son réseau et reprend plusieurs «investissements» de 100$. Un simple calcul mathématique suffit à prouver que l'escroc perd de l'argent: il a émis deux «investissements» de 100$ pour un total de 200$. Il devrait remettre aux investisseurs 280$, une perde de 80$ à laquelle on doit soustraire le 10$ de rendement du fond mutuel. La perte nette est donc de 70$, ou 35$ par «investissement». L'escroc est-il un sot? Certainement pas! Il a l'intention criminelle de disparaître sans rembourser la majorité des investisseurs. Seuls les premiers participants à l'escroquerie recevront le 140$ promis. Ces investisseurs vont vanter les mérites de «l'investissement». Grâce à cette publicité, l'escroc espère attirer plusieurs investisseurs.
Le système est insoutenable à long terme par ce que les premiers investisseurs sont remboursés à même les investissements de ceux qui suivent. Le nombre d'investisseurs potentiels n'étant pas infini, il est certain que le système va s'écrouler tôt ou tard. Sa durée de vie dépend essentiellement de la différence entre le rendement réel de l'investissement et le rendement promis aux investisseur. Si l'escroc avait offert 110$ au lieu de 140, il aurait pu continuer son petit manège plus longtemps.
Il peut sembler ridicule de se laisser berner par cette arnaque, mais en 1919, Charles Ponzi lui-même à réussi à soutirer 15 000 000 USD à 40 000 personnes avec ses «investissements» qui offraient 240% d'intérêt pas année. Charles Ponzi est devenu millionnaire en six mois et seulement un tiers de la valeur des «investissement» fut retournée à ses investisseurs après son arrestation.
L'objectif de l'arnaqueur est de fuir avec la magot, mais s'il en est incapable, il fera nécessairement faillite sauf s'il était assez riche pour couvrir les pertes ce qui est peu probable. L'insolvabilité de Ponzi a été annoncée dans les journaux.
Il n'y a que deux dénouements probables à l'arnaque de Ponzi: le fraudeur prend la fuite hors du Canada avec l'argent des investisseurs ou le fraudeur déclare faillite. Dans les deux cas, les investisseurs ont été floués. Une dernière possibilité: le coupable a été appréhendé mais l'argent est introuvable, n'est pas réellement différente du cas de la faillite précité.
L'arnaque à la Ponzi repose entièrement sur les qualités de vendeur d'une seule personne. Face à un investissement trop beau pour être vrai, notre première action devrait être de vérifier si le vendeur est légalement autorisé à vendre ce type d'investissement au Québec. La Chambre de la Sécurité Financière et l'Autorité des marchés financiers sont des bonnes sources d'information pour vérifier si un vendeur détient un permis.
Ce qui différencie l'arnaque à la Ponzi de la vente pyramidale, c'est qu'une seule personne effectue toutes les ventes des «investissements», il n'y a pas de recrutement d'autres vendeurs. De plus, l'arnaque à la Ponzi dure généralement plus longtemps que la vente pyramidale bien que ni un ni l'autre ne soient soutenables à long terme.
P.S. Charles Ponzi a été emprisonné au pénitencier fédéral de Saint-Vincent-de-Paul pour avoir contrefait une signature sur un chèque. Cette peine est sans lien avec sa plus grande arnaque.